SWOT prospectif: la vision de Matthias Brusselmans
Quel est à vos yeux le défi majeur pour le secteur? Et quelle serait la meilleure réponse?
Matthias Brusselmans: “Le défi consiste à construire de manière abordable, avec un impact environnemental faible ou nul, et dans un maillage fin qui s’intègre à l’environnement spatial et social existant. Les flux migratoires dus au réchauffement climatique ne font que rendre ce défi plus crucial.”
“Le secteur de la construction est complexe, avec beaucoup d’acteurs, voire trop, de sorte qu’il réagit très lentement. Une simplification serait bienvenue. Raccourcir la chaîne, avec moins de parties concernées et une collaboration entre différents acteurs, serait utile.”
“Face à ces deux problèmes, la construction modulaire pourrait être une solution à explorer.”
Dans quelle technologie ou innovation voyez-vous une grande opportunité? Pourquoi?
Matthias Brusselmans: “A ce jour, les problèmes sont décortiqués en problèmes partiels, et résolus séparément. Le résultat? Des immeubles mono-fonction, des éléments de construction mono-fonction, des techniques mono-fonction. Nous devons imaginer des solutions ‘et/et’. Des immeubles multifonctionnels, flexibles, démontables, à impact environnemental positif, qui s’inscrivent parfaitement dans leur environnement et offrent un service maximal à la communauté… Il s’agit de problématiques complexes, difficiles à optimiser. Mais peut-être l’IA peut-elle nous aider à trouver la réponse optimale.”
“L’IA offre sans doute la possibilité de faire face à tous les défis de notre époque et de les résoudre simultanément. Je n’ai aucune idée de la façon dont cela pourrait se faire concrètement. Mais l’algorithme Solv.com développé par Dhooghe montre que cela doit être possible! On résoudrait ainsi les conflits d’espace à la plus grande satisfaction de toutes les parties concernées.”
“À plus petite échelle, et à plus court terme, l’IA pourrait bien avoir une grande influence sur notre secteur. Pour l’office management par exemple, mais aussi pour l’aide à la conception.”
Quels sont les fers de lance de votre entreprise? Où voulez-vous arriver?
Matthias Brusselmans: “Nous étendrons le concept de durabilité à tout le fonctionnement de l’entreprise, de la construction durable à l’entreprise durable. Donc le lieu, la mobilité, l’interaction avec les collaborateurs, les principes de collaboration…, je trouve tout ceci aussi important que le produit fabriqué. Je crois fermement qu’une entreprise durable fournit tout naturellement des produits durables.”
“Je suis de plus en plus convaincu que nous avons besoin de plus de marge pour prendre de l’avance. Pour chercher de manière proactive de nouvelles possibilités, collaborations, innovations et expérimentations. Mais, pour libérer cette marge, une méthodique de travail efficiente s’impose. Pour le moment, nous auditons l’ensemble du fonctionnement d’A2D, au niveau du management comme des projets. Un exercice difficile, plus lent que prévu, mais qui portera ses fruits, sans aucun doute.”
Lisez l'interview approfondie d'A2D
Que sera, selon vous, la dynamique économique en 2024? (Inflation, récession, pouvoir d'achat, carnets de commandes?)
Matthias Brusselmans: "Si nous avons appris une chose de ces dernières années, c’est que même les plus grands économistes ont du mal à prévoir l’avenir ! Certains événements ne peuvent pas être prévus, comme les guerres et les épidémies. Prévoir l’avenir, c’est lire le marc de café. Mais je crois en la résilience de l’humain et de la société. La peur est mauvaise conseillère, laissons-la donc passer."
En quelques mots, que pensez-vous de:
La construction circulaire: "un must, mais difficile à définir et encore plus à quantifier"
Les 'Bauwmeesters': "là aussi, un must, et difficile à qualifier."
L'IA: "une opportunité."
Le BIM: "une évidence."
Le tourisme spatial: "superflu, mais intéressant."
Question subsidiaire: où et comment vivrons-nous en 2100?
Matthias Brusselmans: "En 2100 non plus, ‘l’humain’ n’existera pas encore. Un monde homogène n’est pas pour un proche avenir. Chaque système politique ou social aura sa propre solution. Pour la Belgique, je ne vois pas de changement drastique dans la façon d’habiter, mais ce sera de manière plus dense et plus compacte et, travaillons à cela, plus qualitative aussi."